Bernard Nowak, responsable des achats Flandria
Arrivé chez Flandria en mai 2013 au poste de responsable des achats, Bernard Nowak dégage une impression de force tranquille. Il parle de son métier avec passion et franchise, et nous livre quelques clés pour traverser sereinement les futurs mois.
Comment êtes-vous arrivé chez Flandria ?
Je suis diplômé d’une école de commerce international, j’ai débuté ma carrière chez Décathlon en tant que responsable de la filière vélo. L’aluminium entre dans ma vie. Je découvre déjà à cette époque, un produit noble, durable, qui offre de multiples applications. Parlant 5 langues, j’ai beaucoup voyagé professionnellement en Europe, en Asie… Découvrir de nouveaux marchés et partenaires était un objectif professionnel. J’ai ensuite créé une société d’objets de décoration, pour la petite histoire, toujours avec des composants en aluminium, avant de rejoindre plus tard Flandria en mai 2013 en tant que responsable des achats. C’est un parcours qui finalement a toujours été en lien avec l’aluminium.
Comment s’organise le service achats ?
C’est avant tout un travail collectif qui s’opère en lien permanent avec le service commercial. Personnellement, je m’occupe d’abord des achats de notre matière première principale : les billettes d’aluminium. Je scrute en permanence l’évolution des prix au LME (Bourse des Métaux de Londres) pour engager les achats dans les meilleures conditions. Nous posons des contrats annuels avec nos fournisseurs pour l’approvisionnement des billettes et proposons ensuite à nos clients des contrats cadres au trimestre et qui assurent des prix fixes au mois le mois. L’équipe est complétée par un poste d’acheteuse industrielle qui assure les achats pour nos consommables d’emballage ainsi que les achats en traitements de surface et en usinage auprès de nos partenaires en sous-traitance.
Quelles sont les qualités pour exercer ce métier ?
Il faut toujours être en alerte sur les prix, suivre les cotations au quotidien et ANTICIPER. Ce suivi permanent permet un management des achats dans les meilleures conditions au jour le jour. Ce qui nous permet à court et moyen termes d’être compétitifs commercialement. Il faut avoir les nerfs solides et avoir pas mal d’ouverture sur le monde pour anticiper les fluctuations des marchés. Les contextes géopolitiques, l’arrivée de pays émergents sont autant de facteurs qu’il faut pouvoir prendre en compte pour garder une longueur d’avance.
Quels sont les relations avec les clients de Flandria ?
C’est un partenariat proche de ses clients qui allie la confiance avec une éthique forte : celle d’un industriel intègre qui ne fait pas de spéculation sur l’achat des matières. Nous achetons en responsabilité, pour assurer notre modèle économique mais aussi pour le bien de nos clients. Nous apportons aussi ce service en ‘hedging’ (contrat couverture de matière) qui assure à nos clients un tarif fixe à date pour des commandes passées plus tard. Cette stratégie permet de garantir un prix fixe sur une période donnée. Notre philosophie est de toujours être en alerte et de partager chaque opportunité avec nos clients. Au lendemain du début de la crise Ukrainienne, nous avons passé pour eux énormément de réservations de matière face aux incertitudes nées du conflit.
Quels sont justement les risques face à la situation en Ukraine ?
Il y a beaucoup d’incertitudes notamment à moyen terme pour l’approvisionnement de l’énergie et de certaines matières premières. Les 2 pays leaders mondiaux pour la production d’aluminium sont la Chine avec un peu plus de 32 millions de tonnes annuelles et la Russie avec près de 10 millions de tonnes. Nous suivons attentivement la situation. Si le conflit s’enlise, il y a un risque de pénurie et en rebond, de nouvelles augmentations de prix sont à craindre. La période qui s’ouvre est stratégique, et même si nous avons quelques mois devant nous, Flandria s’engage dès à présent à anticiper les risques pour éviter de pénaliser nos clients. Nous allons renforcer les liens avec nos fournisseurs actuels présents en Europe du Nord et restons ouverts pour installer de nouveaux partenariats. Il est même possible que la crise engendre de nouvelles opportunités, notamment en ce qui concerne le recyclage des déchets d’aluminium permettant de produire des billettes avec moins de consommation d’énergie.
Quelles peuvent-être à terme les tendances du marché ?
Nous subissons de fortes tensions sur les prix de l’énergie depuis plus d’un an, les prix ont été multipliés par 2.5 voire 3. Le prix à la tonne fixé au LME est aujourd’hui de 4000 dollars contre un prix moyen de 1800 dollars habituellement. Il y a beaucoup de spéculation. En parallèle, la « prime billette » a été multipliée par 4,5 depuis un an… Le prix du pétrole repart à la hausse… Les prochains mois sont empreints d’incertitude. Pénurie, baisse de la demande ? Personne ne peut prévoir la suite. Il faudra faire preuve d’agilité et surtout rester concentrés et optimistes ! Actuellement chez Flandria, les billettes sont livrées normalement. Le stock de matière première tourne sur 3 à 4 semaines pour éviter de fragiliser la trésorerie et commercialement les contrats sont fixés jusqu’en septembre. Nous nous organisons pour éviter d’allonger les délais de fabrication malgré toutes ces tensions. Nous allons renforcer encore les relations avec nos clients pour traverser la crise actuelle. C’est un nouveau challenge qui s’offre à nous. Nous sommes prêts à le relever !